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Entreprises et gouvernements sont confrontés à des défis majeurs, mais restent déterminés à agir
Entre l’intensification des tensions mondiales et l’incertitude économique, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27) de cette année sera peut-être moins ambitieuse, mais les investisseurs ont désormais une conscience aiguë des retombées financières des changements climatiques et de l’importance de parvenir à la carboneutralité d’ici 2050.
C’est entre autres ce qui est ressorti du balado BMO Sustainability Leaders sur la COP27 [hyperlink] animé par Susan McGeachie, de l’Institut pour le climat de BMO. Au cours de cette discussion, Doug Morrow, directeur, Stratégie ESG chez BMO Marchés des capitaux, et Nalini Feuilloley, directrice générale, Investissement responsable chez BMO Gestion mondiale d’actifs, ont également observé que les investissements dans la transition devraient se poursuivre, et ce pour un certain nombre de raisons.
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« Le monde n’est fondamentalement plus le même qu’en novembre 2021 », explique Doug Morrow, expert des questions ESG et membre de l’équipe de recherche de BMO, qui observe que les investisseurs, à commencer par ceux dotés d’un horizon de placement à long terme, sont déterminés à surmonter les incertitudes liées aux bouleversements de ces dernières années.
De la même façon, les institutions financières gardent le cap, malgré les obstacles; elles estiment en effet que leur intérêt pour les changements climatiques va de pair avec leur responsabilité fiduciaire, explique Susan McGeachie, qui est également professeure adjointe à l’Université de Toronto, où elle donne un cours de deuxième cycle sur le financement climatique, et membre du groupe d'experts canadiens en gouvernance climatique de l'Initiative canadienne de droit climatique.
Mme McGeachie souligne que la situation interpelle de plus en plus d’investisseurs réputés et que la transition énergétique mondiale est l’un des éléments qui influencent le plus la valeur à long terme des entreprises qu’ils financent.
Effet du conflit en Ukraine sur les engagements en matière de lutte contre les changements climatiques
La guerre en Ukraine a déclenché « une ruée ponctuelle vers des solutions énergétiques rapides », au point que certains pays d’Europe et d’ailleurs ont même redémarré des centrales électriques au charbon particulièrement polluantes. Dans ces conditions, la sécurité énergétique devrait mobiliser une bonne partie de l’attention à la COP27, indique M. Morrow, qui observe que, si le conflit montre que l’on a toujours besoin des carburants fossiles, en raison au moins de la façon dont le système énergétique est actuellement conçu, il fait également ressortir l’importance des énergies renouvelables.
« En fait, le conflit a poussé certains pays soucieux de réduire leur dépendance aux carburants fossiles à passer à la vitesse supérieure », explique Nalini Feuilloley, directrice générale, Investissement responsable chez BMO Gestion mondiale d’actifs. « Je ne m’attends pas à ce que cela nuise à long terme aux objectifs climatiques que la communauté financière s’est fixés ».
Le milieu de la finance devra toutefois « rester concentré sur les engagements qu’il a pris pour contribuer à l’avènement d’un avenir net zéro », estime-t-elle, tout en observant que la guerre a conduit certaines entreprises à ralentir leurs efforts en matière d’action climatique.
Effet possible de la récession
Face aux risques de récession mondiale, les gouvernements cherchent également un équilibre entre l’atteinte de leurs cibles de réduction des émissions et la nécessité de soutenir la croissance économique, observe M. Morrow, qui, dans le même temps, salue « l’incroyable déploiement » d’énergies renouvelables qui a permis de réduire la quantité d’émissions par unité de production économique.
La détérioration des perspectives de croissance au cours des prochains mois risque de tester la détermination des gouvernements à poursuivre et à bonifier leurs politiques de taxation du carbone, ajoute-t-il.
La taxation du carbone est « le moteur le plus important » de la transition, estime M. Morrow; pourtant, elle ne s’applique pour le moment qu’à 23 % des émissions mondiales et les prix sont moins élevés qu’il ne le faudrait pour assurer un changement durable. Malheureusement, l’Accord de Paris, qui vise à réduire les émissions de carbone dans le but de limiter l’augmentation des températures à 1,5 degré Celsius par rapport aux niveaux préindustriels d’ici 2100 et qui avait pourtant été signé par de nombreux pays, n’est pas contraignant, ce qui signifie qu’en cas de problème, les gouvernements pourraient décider de renoncer à taxer le carbone, et ce sans conséquences.
Pour une réduction du niveau de risque attaché aux changements climatiques
Il y a des limites à ce que les gouvernements peuvent faire, et la communauté financière doit donc contribuer au financement de la transition, estime Mme Feuilloley. Il existe certaines barrières liées à la manière dont les catégories d’actif sont structurées et dont les entreprises voient les notions de risque et de rendement. Elle espère que les institutions et les gouvernements profiteront de la COP27 pour réfléchir à des façons d’offrir des garanties sur les placements technologiques souvent très risqués nécessaires à la lutte contre les changements climatiques.
« Cela permettrait de libérer des flots importants de capitaux privés et de combler un manque », précise-t-elle.
Pour stimuler les investissements, il faudra également plus de politiques et de réglementation », ajoute-t-elle. Les règles peuvent certes être dérangeantes, mais, compte tenu du nombre de pays qui ont pris du retard sur leurs cibles environnementales, sociales et de gouvernance, la mise en place de nouvelles politiques devrait inciter les entreprises du secteur privé à s’engager davantage sur le long terme.
« Toutes les nouvelles règles que nous avons vues apparaître au cours de la seule dernière année ont modifié le regard de notre communauté sur le rôle que nous avons à jouer dans ce domaine », explique Mme Feuilloley. « Nous essayons de faire disparaître l’écoblanchiment (greenwashing). Nous essayons de promouvoir la transparence. La SEC a procédé à une consultation de grande envergure sur les informations relatives aux changements climatiques il y a quelques mois; c’est le genre d’initiative qui va faire bouger les choses dans le secteur ».
COP27 : une réaffirmation des engagements climatiques
Malgré les incertitudes économiques et les craintes relatives à la sécurité énergétique, les occasions ne manquent pas pour les entreprises, notamment sur les marchés privés, estime Mme Feuilloley.
Il est encore un peu tôt pour savoir ce que donneront des initiatives comme la GFANZ (Glasgow Financial Alliance for Net Zero), regroupement d’institutions du secteur privé visant à faciliter la transition énergétique mondiale, qui a été lancé à l’occasion de la COP26, explique-t-elle. La GFANZ permet certes aux institutions financières d’inciter les entreprises cotées en bourse à adopter des pratiques plus durables, mais on ne sait pas encore tout à fait si ces efforts donnent les résultats escomptés.
Il serait peut-être plus efficace de repenser les catégories d’actif des marchés privés, tout en trouvant de nouveaux moyens de soutenir les technologies qui continuent de rapporter aux investisseurs.
Les entreprises et les gouvernements ont encore beaucoup à faire en matière de transition énergétique, mais les experts de BMO s’attendent à voir moins de grandes idées émerger de la COP27 comparativement à la COP26. M. Morrow ajoute que l’on parlera probablement moins du rôle du secteur privé cette année, et plus de mise en œuvre.
Il s’attend par exemple à certains progrès dans le domaine du financement climatique, qui consiste essentiellement pour les pays développés à verser de l’argent aux pays en développement pour les aider à s’adapter aux changements climatiques et à réduire leurs émissions. En 2009, les pays développés s’étaient engagés à verser 100 milliards de dollars par année aux pays émergents d’ici 2020, mais ces aides ne se sont pas concrétisées. Pourtant, ce sont les pays en développement qui sont les plus touchés par les effets des changements climatiques.
Financement climatique
« Le financement climatique va occuper une place importante à la COP27 », prédit M. Morrow. « Les pays en développement s’impatientent de voir le peu d’argent que les pays développés leur envoient pour faire face aux enjeux climatiques et cela risque de constituer un sujet de désaccord majeur ».
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