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L’incidence des conditions météorologiques extrêmes, des mégafeux et des changements de politique visant une économie à faibles émissions de carbone exerce des pressions sur les équipes de financement de tous les secteurs d’activité pour qu’elles répondent à la question suivante: l’entreprise est-elle prête?
En juillet 2023, nous avons connu le mois le plus chaud enregistré sur Terre et la pire saison de feux de forêt de l’histoire du Canada, qui a touché des millions de personnes en Amérique du Nord , où la qualité de l’air était toxique. Ce même mois, des inondations historiques ont touché certaines régions des États-Unis, et près d’un quart d’entre elles ont fait face à une sécheresse en août. Ces phénomènes qui ont eu lieu en 2023 font suite à la décennie la plus chaude jamais enregistrée. Qu’il s’agisse d’ouragans ou de tempêtes de grêle, les conditions météorologiques extrêmes présentent un risque pour les entreprises.
Les organismes de réglementation analysent l’incidence du climat sur la stabilité financière
Entre-temps, les organismes de réglementation financière tentent de s’assurer que les chefs d’entreprise, en particulier ceux qui ont des responsabilités financières, intègrent le risque climatique dans leur modélisation et leur planification. Les entreprises peuvent s’attendre à une surveillance accrue de la part des décideurs et à une réglementation plus stricte pour faire face à la menace croissante que représente le réchauffement de la planète.
Janet Yellen, Secrétaire du Trésor des États-Unis, qui a qualifié les changements climatiques de menace existentielle, a dirigé une enquête réglementaire en 2021 qui a conclu, selon ses mots, que les changements climatiques deviendront probablement une source de chocs pour le système financier au cours des prochaines années. À mesure que les changements climatiques s’intensifient, les catastrophes naturelles et la hausse des températures peuvent entraîner une baisse de la valeur des actifs qui pourrait se répercuter dans le système financier.
Entre-temps, depuis, les organismes de réglementation financière au Canada et aux États-Unis ont mis davantage l’accent sur l’incidence des changements climatiques sur la stabilité financière, les exigences en matière de communication de l’information et la gestion des risques.
Pour les chefs des finances, les trésoriers et d’autres décideurs financiers, les risques liés au réchauffement climatique rapide sont de plus en plus présents à un moment où leurs propres rôles ont changé. Nombre d’entre eux assument des responsabilités de leadership stratégique supplémentaires et, par conséquent, collaborent davantage avec les services informatiques, commerciaux, juridiques et autres pour guider leurs activités.
Ces alliances pourraient s’avérer encore plus importantes à mesure que les entreprises s’attaqueront aux changements climatiques. Les décideurs financiers doivent assumer leur rôle de leaders en matière de développement durable et guider leurs entreprises en fonction des nouveaux risques financiers découlant de la crise climatique. Il va devenir essentiel d’anticiper les risques liés aux transactions financières actuelles, mais aussi les risques liés aux flux de revenus futurs, au coût du capital, aux chaînes d’approvisionnement et à la communication de l’information réglementaire. La Fed et d’autres organisations ont déjà ciblé plusieurs risques pour les entreprises et le système financier.
De plus en plus de gens s’entendent pour dire que les changements climatiques présentent un risque systémique pour le système financier américain, explique Dave Jones, directeur principal de la gestion du risque environnemental pour The Nature Conservancy. Avant de se joindre à The Nature Conservancy, Dave Jones était commissaire aux assurances de la Californie.
Voici un aperçu des risques financiers et des suggestions sur la façon dont les entreprises peuvent renforcer leur résilience à cet égard en 2023 et au-delà.
Les leaders des secteurs d’activité se concentrent davantage sur les risques de transition
Ce n’est qu’au cours des dernières années que nous avons réussi à quantifier les répercussions financières de la crise climatique sur le secteur privé. Il est important de comprendre les effets des changements climatiques à l’échelle du système plutôt que de supposer à tort que les risques se concentrent uniquement dans les régions sujettes aux feux de forêt ou aux événements météorologiques extrêmes.
Le problème fondamental réside dans la différence entre les risques physiques et de transition.
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Les risques physiques découlent des dommages causés aux biens, aux infrastructures et aux terrains en raison des changements climatiques. Pensez aux plus de 2,5 millions de maisons dans 14 États de l’Ouest des États-Unis qui, selon la société d’analyse des données sur les propriétés CoreLogic CalFire, présentent un risque élevé en raison des feux de forêt. De 2018 à 2022, 39 milliards de dollars américains d’assurance contre les dommages causés par les feux de forêt ont été remboursés à l’échelle mondiale.
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Le risque de transition, un domaine d’intérêt relativement nouveau, désigne l’incidence économique et financière du passage à une économie à faibles émissions de carbone ou carboneutre à l’échelle mondiale. Cette transition peut être guidée par la technologie, les forces du marché ou les politiques. Mais à mesure qu’elle se produit, graduellement ou rapidement, elle peut avoir une incidence sur l’évaluation des actifs liés aux secteurs émetteurs de gaz à effet de serre, explique M. Jones.
Plus de 200 des plus grandes entreprises du monde, représentant une capitalisation boursière de 17 000 milliards de dollars américains, ont évalué les risques liés au climat pour leurs activités à près de 1 000 milliards de dollars américains, selon le CDP, un organisme à but non lucratif qui gère un système mondial de communication de l’information sur l’environnement. La plupart des entreprises ont indiqué qu’elles considèrent la gestion des risques liés à cette transition comme une priorité.
Bien entendu, les risques de transition et les risques physiques peuvent avoir une incidence financière sur les activités de l’organisation.
L’empreinte carbone peut faire augmenter le coût du crédit
Les recherches récentes portent sur l’exposition aux changements climatiques par l’intermédiaire des marchés des valeurs mobilières et des contreparties financières. L’EDHEC-Risk Institute, un centre de réflexion basé en France, a constaté que le risque de crédit des entreprises augmente en même temps que leurs émissions. Autrement dit, plus l’empreinte carbone d’une entreprise est importante, plus le risque de défaut de paiement est élevé.
Les auteurs de l’étude de l’EDHEC ont examiné une décennie de données provenant de 458 émetteurs de titres de créance américains de catégorie investissement. Ils ont constaté une forte corrélation entre les entreprises les moins polluantes, mesurées en fonction des émissions et de l’intensité des émissions de carbone, et le risque de défaut le plus faible, et vice versa. Les résultats se sont avérés solides, même en excluant les sociétés des secteurs de l’énergie et de l’extraction.
Les marchés des capitaux pénalisent les entreprises emprunteuses dont l’empreinte carbone est plus importante, en tenant compte des attentes à l’égard de la hausse des prix du carbone et du resserrement de la réglementation, en particulier à la suite de l’Accord de Paris. Selon l’étude, cette constatation confirme le point de vue selon lequel les marchés financiers établissent de plus en plus le prix de l’exposition aux changements climatiques des sociétés cotées en bourse, et que cette exposition a une incidence sur la solvabilité globale des sociétés.
L’une des répercussions est que les entreprises, en particulier celles qui appartiennent à des industries polluantes, peuvent trouver qu’il est de plus en plus coûteux d’accéder aux marchés des capitaux.
En effet, Moody’s a effectué une analyse approfondie en 2020 et a constaté que 13 secteurs mondiaux ayant une dette combinée de 3 400 milliards de dollars américains présentent un risque de crédit lié à des facteurs environnementaux très élevé. Selon l’agence de notation, la dette totale détenue par les secteurs présentant un risque de crédit environnemental accru a augmenté de 49 % depuis 2018.
Les chaînes d’approvisionnement présentent des risques financiers fondés sur les événements
Un autre secteur dans lequel les responsables financiers peuvent assumer un rôle de leadership est celui des chaînes d’approvisionnement et des répercussions financières des perturbations causées par les changements climatiques. Il est clair que la hausse du niveau de la mer et les catastrophes naturelles ont déjà menacé les ports et rompu les chaînes d’approvisionnement mondiales. L’ouragan Harvey, en 2017, a perturbé les livraisons de pétrole brut aux raffineries et a fait grimper les prix de l’essence jusqu’à 16 % dans certaines régions des États-Unis. De plus, la fréquence des événements climatiques a augmenté.
Les sept premiers mois de 2023 ont été marqués par 15 événements météorologiques extrêmes aux États-Unis, entraînant des pertes de plus d’un milliard de dollars américains chacun. En 2022, 18 événements météorologiques extrêmes ont eu lieu aux États-Unis, soit la quatrième année avec le plus d’événements jamais enregistrée. Le nombre d’événements météorologiques extrêmes annuels moyens au cours des années 1980, 1990, 2000 et 2010 était de 3,3, 5,7, 6,7 et 13,1, respectivement. Au cours des trois dernières années, la moyenne a été de 20 événements.
Plus de la moitié (55 %) du commerce mondial transite par des ports maritimes qui présentent un risque élevé d’au moins un événement lié au climat. Environ 8 % des échanges commerciaux sont vulnérables à trois événements ou plus.
Au cours des dernières décennies, la création de chaînes d’approvisionnement efficaces et la récolte des avantages d’une productivité accrue ont pu faire pencher la balance au détriment de la résilience.
Il est difficile de prévoir les répercussions d’une fréquence plus élevée d’interruptions de la chaîne d’approvisionnement. Toutefois, le CDP estime qu’en raison des risques environnementaux, les entreprises feront face à une augmentation des coûts de la chaîne d’approvisionnement pouvant atteindre 120 milliards de dollars américains d’ici 2026. Ces coûts seront liés à la fois aux conditions météorologiques extrêmes, à la hausse des prix des matières premières, ainsi qu’aux changements réglementaires et aux fluctuations du marché.
Les décideurs financiers peuvent diriger en posant des questions incisives comme: en quoi des perturbations plus fréquentes auraient-elles une incidence sur la disponibilité du fonds de roulement ou l’état des paiements? Certains ont suggéré aux entreprises de faire passer de 5 à 20 ans l’horizon habituel des plans d’atténuation des risques. Toutefois, la planification financière au cours des cinq prochaines années est difficile dans le meilleur des cas. Compte tenu de l’augmentation des perturbations de la chaîne d’approvisionnement liées au climat, prévoir à un horizon de 20 ans pourrait être un défi de taille.
Atténuation du risque climatique
L’atténuation des risques financiers liés au climat nécessite de repérer les vulnérabilités différemment. Les banques, les dirigeants financiers et les investisseurs prennent souvent des décisions en fonction d’indices de référence. Toutefois, les renseignements historiques sur les résultats économiques et financiers peuvent être moins pertinents pour évaluer le risque climatique, car ce risque dépend des changements futurs relatifs au climat et au contexte opérationnel.
Une approche fondée sur des scénarios pourrait être plus efficace. Les leaders doivent envisager divers scénarios, par exemple, un scénario dans lequel les risques de transition dominent, un autre dans lequel les risques physiques sont plus présents, et un troisième dans lequel les risques de transition et physiques sont tous deux importants.
Voici quelques suggestions sur la façon de gérer les risques financiers liés aux changements climatiques.
1. Risque de crédit
La transparence quant à l’empreinte carbone est un bon point de départ pour la gestion des risques climatiques. Les sociétés doivent s’attendre à une augmentation des exigences réglementaires en matière de communication de l’information. Pour le moment, le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC) a élaboré un ensemble d’informations à fournir de manière volontaire sur les risques financiers liés aux changements climatiques. L’analyse du crédit en lien avec le climat est un nouveau domaine d’études. Quelques consultants, comme Moody’s, S&P et Oliver Wyman, ont développé une expertise spécialisée. Enfin, les chefs des finances et d’autres décideurs financiers peuvent envisager de former des groupes de travail multifonctionnels (y compris les opérations, les services commerciaux, la conformité, les services juridiques, etc.) pour effectuer des simulations de crise climatiques et des analyses de scénarios afin d’exposer les vulnérabilités.
2. Risque lié à la chaîne d’approvisionnement
Il s’agit d’un domaine dans lequel les leaders financiers peuvent travailler en étroite collaboration avec les partenaires d’affaires pour effectuer des diagnostics de risque. Bon nombre des leçons apprises pendant la pandémie orienteront ce travail lié aux changements climatiques. Les gestionnaires de la chaîne d’approvisionnement devront d’abord déterminer lesquels de leurs fournisseurs sont essentiels à la continuité des activités et les mettre en correspondance avec les dangers liés aux risques physiques et de transition potentiels. L’assurance protège-t-elle contre les interruptions? Quel horizon est utilisé pour les plans d’atténuation des risques? Le niveau de complexité est élevé, en particulier en raison de la nature internationale des chaînes d’approvisionnement modernes. C’est pourquoi les services financiers pourraient vouloir envisager des capacités améliorées pour contrer les risques, y compris la surveillance en temps réel des paiements et la centralisation de la trésorerie.
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